L’Ardèche et la Haute-Loire partagent une histoire, une géographie et des paysages en commun, naturellement concrétisés par deux sucs : le Mont Mézenc et le Mont Gerbier de Jonc. Protégé de chaque côté de la frontière administrative par la loi sur les sites et paysages de 1930 ainsi que par des politiques publiques volontaires autour des Espaces naturels sensibles (ENS), ce territoire fait l’objet d’un rapprochement depuis 2019 entre les deux conseils départementaux, une convention de partenariat ayant permis d’avancer dans la volonté commune d’engager une démarche Grand Site pour l’ensemble formé par le Mont Gerbier de Jonc et le Mont Mézenc.
Aboutissement du travail de concertation locale mené depuis trois ans avec les habitants et les acteurs du territoire, cette démarche franchit aujourd’hui une étape importante avec la note argumentaire pour une Opération Grand Site.
Aux côtés des deux Départements, l’Opération Gand Site projetée implique les Communes, les Communautés de communes (Mézenc Loire Meygal, Montagne d’Ardèche et ValEyrieux), mais également le Syndicat mixte de la Montagne ardéchoise ainsi que le Parc naturel régional des Monts d’Ardèche qui fait le lien entre Ardèche et Haute-Loire, l’Etat ainsi que les principaux acteurs associatifs et économiques du territoire (collectif Mézenc-Gerbier, Fin Gras du Mézenc, ONF...).
Fruit d’un travail de terrain se nourrissant d’ateliers et de rencontres politiques, cette note argumentaire et les orientations qu’elle comporte font l’objet d’un consensus large sur le territoire et répondent à une attente des élus et acteurs locaux.
Très attachées à ce territoire de confins dont le nom retenu à ce stade est « GerbierMézenc », l’Ardèche et la Haute-Loire sont déterminées à faire émerger collectivement « l’esprit des lieux » autour d’un projet de valorisation et de développement durable au profit de ses habitants.
Le site a été classé pour les cinq critères artistique, scientifique, légendaire, pittoresque et historique.
Le Mont Gerbier de Jonc se trouve dans un paysage caractéristique des hauts plateaux ardéchois, marqué par le volcanisme et nommé « pays des Sucs ». Ce paysage est constitué de grands espaces dégagés s’étalant à l’infini et entrecoupés de vallons boisés. Il est ponctué de sucs qui forment autant de points de repères et d’éléments structurants.
Du haut de ses 1 551 mètres, le Mont Gerbier de Jonc domine de vastes espaces de landes et de prairies issus d’une longue tradition agricole, constituant un espace naturel d’une grande valeur. L’habitat a été adapté aux rudes conditions climatiques : les fermes traditionnelles telles que « la ferme de Flotte » située au pied du Gerbier sont semi-enterrées, disposent de peu d’ouvertures et comportent une toiture typique de lauzes ou de genêts.
Le Gerbier de Jonc, surtout connu comme lieu symbolique des sources de la Loire, attire 300 000 visiteurs par an. Il est situé sur une ligne de césure entre deux pays, correspondant à la ligne de partage des eaux entre Atlantique et Méditerranée : d’un côté au sud-est se développe un plateau volcanique, de l’autre au nord-ouest s’étend une zone escarpée, faite de vallées profondes et de flancs abrupts.
Le site est classé en raison de son caractère pittoresque.
Le Mont Mézenc dresse son imposante silhouette pyramidale au-dessus de la montagne ardéchoise. Localisé à la limite des versants de la Loire et du Rhône, sur la ligne de partage des eaux, le Mont Mézenc entre le Vivarais et le Velay est le point culminant
de la bordure orientale du Massif central (hauteur du sommet de 1 753 m). Le massif s’articule autour d’une ligne de crête principale orientée nord-est / sud-ouest. L’ensemble du site est formé de « sucs » aux formes caractéristiques, roches volcaniques érodées par les variations climatiques qui mettent en valeur des affleurements. La « burle », véritable blizzard, souffle en hiver sur ce territoire de landes et de pâtures. Ce climat rude du massif a engendré une architecture très typée, dont les toits de lauze qui descendent presque jusqu’au sol sont l’un des traits typiques. Entre ensembles d’intérêt géologique et géomorphologique reconnus, zones humides et secteurs forestiers originaux, le site présente également un intérêt faunistique et floristique majeur. Le point de vue le plus populaire du massif est le sommet du Mézenc : la vue est panoramique à 360° sur les départements de la Haute-Loire et de l’Ardèche. À l’est, au-delà des monts du Vivarais, s’étire la chaîne alpine, du mont Blanc au Mont-Ventoux. À l’ouest, la vue embrasse les monts d’Auvergne, la Margeride, le Velay et le Meygal.
Plusieurs spécificités caractérisent le territoire du site Gerbier Mézenc, et forgent l’identité des deux départements :
- un paysage volcanique atypique traversé par la ligne de partage des eaux,
- une terre où l’homme habite très haut, avec une architecture caractéristique faite de toits de lauzes, de chaume ou de genêts,
- une montagne aux herbages particuliers qui permet l’élevage du bœuf Fin Gras.
Ces caractéristiques, ajoutées aux politiques de préservation déjà appliquées sur les deux sites du Mont Gerbier et du Mont Mézenc, fondent une base solide pour un travail collaboratif entre les deux conseils départementaux dans le but de déposer une demande de labellisation Grand Site.
En juin 2022, les deux départements ont déposé auprès du Ministère de la Transiiton Écologique le document nécessaire à l'entrée en Opération Grand Site.